Vae Victis

Jean Golinelli

24.01.2016

 — 06.03.2016

vernissage: 23.01.2016 dès 17h30
en présence du photographe
présentation de l’exposition: 18h00

« Il s’agit de la rencontre de deux idées : un projet que je souhaitais mettre en place depuis longtemps sur les sports de combat et celui d’un ami, Nicolas Wadimoff, réalisateur du film « Spartiates ». Nous avions en commun l’envie de plonger nos regards dans la réalité des périphéries urbaines et sociales, sans a priori et sans parti pris.
Ce n’est cependant pas un travail sur le tournage d’un film, mais un regard parallèle. Ici, la photographie apporte un point de vue complémentaire ; elle aborde un autre aspect du réel non traité dans le film : le circuit de MMA de ligue B ou C.

Au-delà d’une immersion dans les périphéries, c’est aussi une réflexion sur la notion de violence, sur la relation et la confrontation de la violence sociale par rapport à la violence physique. Ce sont des thèmes sur lesquels nous avons eu, dans le cadre du film, d’infinies discussions. Il y a une vraie fracture entre le centre et les périphéries urbaines. Ceux qui y vivent sont le plus souvent plongés dans un contexte d’une grande violence.Cela peut paraître paradoxal pour les habitants du centre : en comparaison à la violence physique, la violence morale et sociale est généralement considérée par les jeunes comme étant plus douloureuse. Au final, cela fait plus mal de ne pas avoir de perspective ou d’avenir que de se faire « talocher la gueule ».

Le travail s’est déroulé dans des conditions un peu tendues. Je travaille toujours à l’argentique et je ne voulais pas utiliser de flash. J’étais donc contraint de travailler avec une focale très petite et des durées souvent en-dessous du 1/60e. Cela bouge beaucoup sur un ring, il faut suivre le mouvement. Comme je travaille de plus avec un Mamiya RS 6/6 dont l’obturateur fait un bruit magique mais très bruyant, je m’attirais souvent les gros yeux de l’opérateur son !

Notre dimension animale reste prégnante, même si notre conditionnement social permet de la contrôler, le ring ou la cage est un espace fermé qui permet son expression tout en la contenant. Les cordes et les grillages marquent une limite qui permet l’expression de cette violence, tout en séparant et en protégeant.
Quant au caractère extrême des combats, je pense qu’il est le reflet de cette autre violance sociale. Cela reste bien sûr une épreuve pour le spectateur, qui peut être très traumatisante. J’ai pas exemple pris une photographie d’un jeune dans les backstages à Liverpool après son combat : il est en état de choc, le visage couvert de sang et le regard qui porte au-delà de ce qui lui fait face.

Ce qu’il y a à voir est ailleurs ; la relation permanente entre ce que l’on montre et ce que l’on voit. Je pense que les images disent autre chose que ce qu’elles montrent de prime abord. Ce sont des images de meetings de sport de combat, ce qui est d’un intérêt limité, ce qu’elles racontent, à mon sens, est davantage de l’ordre du spectacle et de la mise en scène, du sport mais aussi de nos vies ; souffrance, épreuve et détresse. »

Jean Golinelli

Biographie

Après une maturité artistique au Collège de Genève, une exposition photo sous l’égide de Luc Chessex (Putain de ville), un court métrage sur un boxeur (Johnny K. boxeur), Jean Golinelli, parallèlement à son activité photographique, développe également un travail dans le domaine graphique. Il est aussi actif dans le domaine de la production cinématographique.